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 memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention)

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MessageSujet: memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention)   memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention) EmptyJeu 12 Mai - 15:01



Bucky ne se rappelait pas vraiment comment ils avaient quitté la Sibérie – il se souvenait de la neige sous ses pieds, de T'Challa s'adressant à Steve, de son instinct qui lui hurlait de rester éveillé. Il se souvenait qu'en se concentrant, il pouvait sentir la présence de Steve à ses côtés, le maintenant debout difficilement. Son propre bras autour de ses épaules, il se souvenait que pendant une seconde, il n'était plus en Sibérie mais quelque part en Europe, Steve l'arrachant des mains d'Hydra avant de le ramener à la base avec le reste des prisonniers. Il ne se rappelait de rien après ça – juste de la voix de T'Challa, celle de Steve, et la certitude d'être en mouvement. Il était sans doute tombé inconscient à ce moment-là. Quand il s'était réveillé, dans le quinjet en plein vol, Steve était là. En quelques mots brefs, il lui avait expliqué que T'Challa avait changé d'opinion au sujet de Bucky – il avait arqué un sourcil – et leur avait offert un refuge au Wakanda. Steve avait accepté. Le Wakanda était l'un des pays les plus protégés du monde, un pays qui ne verrait aucun intérêt à négocier un échange de prisonniers ou de réfugiés. Un pays que personne n'oserait attaquer. Et leur roi lui-même leur offrait leur sécurité. Il aurait fallu être stupide pour refuser. Une bonne partie du vol s'était déroulée dans le silence. Bucky était resté assis, le regard dans le vide. Ils n'avaient pas vraiment eu le temps de penser, ces derniers jours. Un instant, Bucky quittait son appartement miteux pour acheter à manger. La minute d'après, son nom était à toutes les lèvres, l'accusant d'un crime qu'il n'avait pas commis – pour une fois. Ils n'avaient pas eu une minute pour réellement parler, avant maintenant.
Bucky ne savait pas quoi dire. Il savait que Steve l'avait cherché, avait eu de l'aide pour ça, et il savait que certaines des pistes qu'ils avaient suivies étaient des fausses pistes lancées par Bucky. Juste pour les détourner de lui. Et deux ans s'étaient écoulés depuis que Steve l'avait reconnu. Depuis qu'il l'avait arraché de l'emprise d'Hydra sur lui. Depuis que Bucky avait sorti Steve de l'eau, avant de disparaître. Il se rappelait être allé voir l'exposition sur Steve, ensuite. Il se rappelait de la partie qui le concernait lui. Les souvenirs avaient commencé à revenir, après ça. D'instinct, il avait quitté le pays, s'était retrouvé en Grèce, dans une chambre d'hôtel ridiculement grande. Le premier souvenir lui était revenu dans cette chambre, une nuit trop chaude où même son bras de métal dégageait une chaleur presque normale. Il avait rêvé – un cauchemar, plutôt – de sa chute. Il était accroché au-dessus du vide, le visage de Steve – l'homme sur le pont – reflétant toute la détresse qu'il ressentait, et il avait senti ses mains lâcher. Il s'était réveillé recouvert de sueur, avec la sensation qu'un millier d'aiguilles lui transperçaient le crâne, et la frustration de ne pas savoir qui était Steve. Il ratait quelque chose d'important, il le savait. Sinon, pourquoi se rappelait-il avoir éprouvé autant de soulagement à l'idée que ce soit lui et pas Steve qui tombait, juste à l'instant où il se sentait partir ? Les autres souvenirs avaient été moins violents. Au bout de quelques jours, Bucky avait entamé un carnet. Au fil du temps, il y avait noté tout ce dont il se souvenait. Au départ, il avait essayé de les ranger dans l'ordre, de les situer dans le temps – il avait abandonné rapidement. Il avait quitté la Grèce, ensuite, avait voulu s'installer quelques temps en Italie, avant de mettre les pieds dans un café où il – le soldat, pas lui, ce n'était pas lui – avait éliminé une menace pour Hydra. Il avait quitté l'Italie presque aussitôt. Il n'était jamais resté très longtemps au même endroit, ensuite. Trois semaines au Portugal. Un mois en Finlande, il y avait aimé le froid et y avait découvert qu'il aimait le goût particulier de la cannelle. Quelques jours en France, à Marseilles – il se souvenait de Dernier leur chantant la Marseillaise avec une aisance qu'il n'avait pas quand il parlait anglais, - le temps de rejoindre l'Angleterre. Le fait était que plus les souvenirs revenaient, plus Bucky réalisait qu'il n'était plus vraiment la personne que Steve cherchait désespérément. C'était ce qui l'avait fait fuir, ce qui l'avait fait abandonner derrière lui la moitié de ses vêtements et une partie de ses armes quand Steve avait failli le trouver près d'un an plus tôt à Madrid. Et pourtant, Steve venait de tourner le dos à une partie des Avengers, ses amis, pour lui. Comme s'il le méritait.
Bucky ne se rappelait pas s'être endormi, mais quand Steve le secoua quelques heures plus tard, l'appareil s'était posé. Le reste était un peu flou. Il avait laissé des médecins l'examiner, avait pu avoir un face à face avec T'Challa. Et après une conversation à mi-voix et éloignée de Steve, Bucky avait pris sa décision. Et il en avait fait part à Steve, une fois que les médecins avaient terminé et qu'ils étaient désoeuvrés, avant que l'évidente question – et maintenant? - ne soit posée  : il allait retourner dans la glace, encore une fois. Jusqu'à ce que quelqu'un trouve une solution. Jusqu'à ce qu'il ne soit plus un danger pour les autres et pour lui-même. Même sans son bras de métal, il restait un soldat, modifié avec un sérum du même type que celui qui courrait dans les veines de Captain America. Il restait dangereux. Il suffisait de prononcer les bons mots pour qu'il soit incontrôlable.  Pour qu'il oublie tout à nouveau et ne soit réduit à une arme, rien de plus.

Il allait retourner dans la cryo d'ici quelques heures. C'était ce que lui avaient dit les scientifiques qui travaillaient pour T'Challa. Steve et Bucky étaient dans l'un des grands open space du palais de T'Challa, le regard de Bucky posé sur le paysage luxuriant visible à travers les vitres. Il pouvait sentir la présence de Steve, à quelques mètres derrière lui. Il ne le connaissait plus suffisamment pour pouvoir deviner ce qu'il pensait. « Les premiers souvenirs que j'ai récupéré étaient de la guerre. » énonça Bucky d'une voix maîtrisée. Prudente. « Je me suis rappelé être tombé du train, et de nos missions avant ça. » Il s'était rappelé de leur commando, de la confiance qu'ils avaient les uns les autres. De Peggy Carter qui avait su les mener d'une main de fer. Il avait eu du mal à se souvenir de leurs visages, de leurs noms qui avaient parfois mis des semaines à revenir. Sa voix resta neutre, contrôlée. « Mon premier souvenir d'avant la guerre était de toi. » reprit Bucky, et il s'appuya contre la table qui le séparait de la vitre, s'y reprenant à deux fois pour revoir son équilibre. L'absence de son bras de métal l'obligeait à recalculer sans cesse ses mouvements. « Le quatre juillet. On était sur le toit de l'immeuble pour voir les feux d'artifice. » Ils étaient montés là parce que sa famille était déjà plantée devant les fenêtres, Becca au devant de ses parents. Il se souvenait de Rebecca – de la façon dont elle mettait des rubans dans ses cheveux et brisait les cœurs d'un sourire, de la couleur de ses cheveux si semblable à celle de leur mère, de cette habitude qu'elle avait de se glisser dans son lit les nuits d'orage pour se blottir contre Bucky. « Becca a pensé pendant des années que les feux d'artice étaient pour toi, pour ton anniversaire. » ajouta Bucky avec un sourire en coin. Ils le lui avaient fait croire longtemps. Même après qu'elle ait réalisé que c'était faux, ils avaient continué de le prétendre. Tu le mérites, répétait Bucky chaque année avec conviction. Il le pensait encore, malgré le fait qu'une grande partie de ses souvenirs soit encore perdue. Se détournant des vitres pour faire face à Steve, Bucky l'observa longtemps. « Tu comprends pourquoi je fais ça. » Ce n'était même pas une question. Juste un fait. Steve devait comprendre. Et Bucky avait besoin qu'il le laisse faire son choix.

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MessageSujet: Re: memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention)   memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention) EmptyJeu 12 Mai - 22:49

Par où commencer ? Steve ne saurait pas le dire lui-même. Ces derniers jours avaient été tellement intenses que son esprit n'avait pas eu le temps de les analyser complètement. Il y avait évidemment plusieurs choses à passer en revue pour que son esprit soit de nouveau au clair. Tout d'abord, Tony : comment allaient-ils se mettre d'accord après ça ? Steve n'avait toujours pas signé le contrat. Il n'était toujours pas d'accord de signer. Il avait compris que son ami ne l'arrêterait pas dans ce qu'il faisait, car il l'avait laissé relâcher ses amis qui étaient restés emprisonnés pour rien du tout. Steve l'en remerciait absolument. Mais maintenant, il y avait plus important dont  il fallait s'occuper.  Maintenant que les choses étaient à peu près réglées, Steve pouvait se concentrer sur ce qui importait vraiment à ses yeux. Maintenant, Bucky, son meilleur ami, son frère était là, bien là, en chair et en os, et en esprit aussi. Jamais Steve n'aurait pu décrire le sentiment qu'il ressentait à l'idée de se dire que Bucky était toujours là, après tout ce qui s'était passé. Du soulagement ? Evidemment. Du doute ? Aussi. C'était un mélange de beaucoup de choses à la fois.

Dans tous les cas, Bucky avait clairement besoin de lui, actuellement. Et Steve serait là. C'était évident. Et après tout, ce n'était que normal : Bucky, qui avait été tant de fois là pour Steve, lui qui le ramassait quand il se battait contre plus fort que lui, lui, avec qui il avait bu sa première bière, lui, qui lui avait tout appris que tout ne s'apprenait pas dans les livres, lui, avec qui vécu le meilleur et le pire.. Steve se devait d'être là pour lui maintenant. Il ne pouvait pas prétendre de comprendre ce par quoi passait Bucky en ce moment. Certes, il avait été lui aussi projeté dans une époque qui n'était pas la sienne, mais dans le cas de son meilleur ami, ça allait clairement plus loin que ça. Il s'était fait manipuler. Il avait perdu toute sa vie et ses souvenirs d'avant. Jamais il n'a eu l'occasion de vivre une vie normale depuis qu'il était parti faire la guerre en 1945 - une bonne centaine d'années, donc. En comparaison, Steve avait eu beaucoup de chance.

Il savait que ce qu'il voulait était égoïste. Il savait que Bucky avait toutes les raisons du mondes pour avoir envie de repasser en cryo. Il avait été lui-même presque convaincu par T'Challa, alors qu'ils avaient discuté en dehors de la chambre. Mais rien n'y faisait. Steve ne se voyait pas perdre à nouveau son meilleur ami. Il l'avait laissé tomber à la falaise, la première fois, il ne pouvait pas le laisser tomber à nouveau. Steve s'en était voulu le reste de sa longue vie pour ne pas avoir réussi à sauver Bucky la première fois. Alors qu'il était lui-même en cryo, il lui arrivait d'avoir des flash, des souvenirs de sa vie des années 1940. Parfois, il lui arrivait de voir Bucky tomber en boucle dans sa tête sans qu'il ne puisse rien y faire. Il lui arrivait aussi de revoir Peggy. Il était dans une sorte de transe lui permettant quand même de se souvenir de ce qu'il allait.Ces images l'ont toujours hantée, même une fois qu'il est revenu à la vie. Aujourd'hui, il avait l'occasion de faire quelque chose pour que Bucky ne disparaisse pas à nouveau.

Lentement et doucement, Steve était revenu dans la salle de soins où Bucky se trouvait. Il avait émis sa décision : il voulait retourner dans la glace. Sur le moment, le courageux Captain America n'avait pas su quoi dire. Il s'était contenté de regarder Bucky dans les yeux, sans ajouter un mot. Les mots lui étaient actuellement revenus quand les médecins de T'challa sont partis, et qu'ils ne restaient plus qu'eux deux dans la salle. La cryo n'était pas prévue avant quelques heures. Ce qui laissait le temps aux amis de longue date de discuter. Ce qui laissait le temps à Steve de tenter de convaincre Bucky de rester ici. Avec lui. Les bras croisés, il attendit un moment avant de prendre la parole.

Il faillit faire une ancienne blague à eux. Celle où Steve se met à parler sur le ton de la mère de Bucky, quand il a quelque chose à lui reprocher. Bucky lui disait souvent d'arrêter de parler comme sa mère. Au fil du temps, c'était devenu une blague entre eux. Mais l'atmosphère ne s'y prêtait pas. Steve voulait montrer qu'il était sérieux, et ça aurait gâché l'effet. Et si peut-être que Bucky ne se souvenait même pas de cette blague. Il n'eut de toutes façons pas eu le temps parler, car ce fut son meilleur ami qui engagea la discussion. Apparemment, lui aussi avait envie de dire des choses. « Les premiers souvenirs que j'ai récupéré étaient de la guerre.  » Steve sentait dans la voix de son ami qu'il pesait ses mots. « Je me suis rappelé être tombé du train, et de nos missions avant ça. ». Il hocha la tête.  « Ca devait pas être très réjouissant. Ca l'est déjà pas pour moi. » souffla Steve.

Son ami continua ensuite à parler. « Mon premier souvenir d'avant la guerre était de toi. » Steve ouvrit grand les yeux, étonné. Il ne le montrait peut-être pas, mais il était extrêmement ému par ce que venait de lui dire Bucky. Et dire que sa première pensée, à lui, quand il était revenu, avait été pour Peggy.. « Le quatre juillet. On était sur le toit de l'immeuble pour voir les feux d'artifice. » Steve ne put s'empêcher de sourire. Il se souvenait bien de ce moment. Ils étaient jeunes, à l'époque, et faisaient les 400 coups ensemble. Tout en souriant, il hocha lentement la tête, sachant parfaitement ce qu'allait dire Bucky ensuite.  « Becca a pensé pendant des années que les feux d'artifice étaient pour toi, pour ton anniversaire. » Sacrée Becca. En même temps, il fallait quand même du hasard, pour naître le 4 juillet aux Etats-Unis.  « La pauvre quand même. On lui en a fait, des blagues pourries. » malgré la situation, Steve se permit un petit rire. Mentionné comme ça, le bon vieux temps le faisait toujours un peu rire. Il posa ensuite son regard sur son ami, et reprit un air plus sérieux. « Tu m'avais manqué. » dit-il, sur un ton à la fois amical et nostalgique.

Puis, Bucky creva l'abcès. Il prononça les mots que Steve avait peur de l'entendre dire. « Tu comprends pourquoi je fais ça.» cette phrase sonna dans l'esprit du blond comme une évidence. Peut-être en était-ce une. Dans tous les cas, elle ne lui plaisait pas. « Je peux pas dire que je comprends. Je peux pas me mettre à ta place, après tout ce que tu as vécu. » Il marqua une pause. « Je pense pas que ce soit la seule solution. On peut t'aider, tu sais. Je peux t'aider. »

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MessageSujet: Re: memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention)   memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention) EmptyVen 13 Mai - 15:52



Bucky ne parvenait pas à se détourner des vitres. Faire face à Steve lui semblait juste quelque chose d'impossible – même si quelque part, ce qui restait du soldat d'hiver lui hurlait de ne pas tourner le dos à son ennemi, à sa mission. Pour contrarier cette part de lui et se prouver qu'il n'était plus le soldat, il garda le dos tourné. Il pouvait quand même voir le reflet de la silhouette de Steve dans la vitre. Il ne bougeait pas, bras résolument croisés – instinctivement, Bucky savait que c'était une position qu'il adoptait lorsqu'il était sur la défensive, ne savait pas quoi faire. Des images d'un Steve plus petit, plus mince et plus jeune lui revinrent, bras croisés et sourcils froncés, alors que Bucky lui répétait une énième fois de cesser de chercher des problèmes. Je ne serais pas toujours là pour te sortir de là, répétait-il à l'époque. Il retint un rire amer. Un siècle plus tard, il réalisait que Steve n'avait plus eu besoin de lui à la minute où il avait été injecté avec le sérum. C'était Steve qui l'avait sauvé. Steve qui avait arrêté Schmidt et Steve qui avait sauvé le monde avec les Avengers. C'était Steve qui l'avait arraché de l'emprise d'Hydra et lui avait redonné sa liberté. Lors des mauvais jours, Bucky se demandait ce qui se serait passé, si Steve n'avait pas réussi à le réveiller, sur le pont de l'héliport. Il avait lâché son bouclier dans le vide, comme s'il s'était résolu à se laisser tuer par Bucky – non, par le soldat, pas par Bucky. Une minute de plus, et... Bucky cligna des yeux. Ce n'était pas le moment. Le Bucky des années 40 aurait été furieux, se serait jeté sur Steve pour le frapper sans le blesser, l'insultant de tous les noms parce que j'aurais pu te tuer, espèce d'idiot. Le Bucky d'aujourd'hui restait juste silencieux, toujours incapable de comprendre pourquoi Steve avait pris tellement de risques pour un souvenir. Parce qu'il n'était qu'un souvenir, pour Steve. Son meilleur ami était mort à l'instant où il avait lâché le morceau de métal qui le retenait au train. Et même s'il s'était battu – il se souvenait s'être battu, se répéter sans cesse les mêmes informations, Sergent James Barnes, de Brooklyn, Steve Rogers, Rebecca Barnes, Sergent James Barnes, sans succès. Même s'il s'était battu, il avait lâché prise après un certain temps, et Bucky n'était plus rien. Ce qu'il était aujourd'hui n'était rien de ce qu'il avait été. Il avait tué, torturé, blessé des innocents, juste parce qu'Hydra l'ordonnait. Il avait élaboré des stratégies parfaites, éliminé des témoins qui avaient juste fait l'erreur d'être présents, et n'avait rien éprouvé. Il ne le faisait plus, mais quelle importance ? Les derniers jours le montraient bien, ses actes le rattraperaient toujours. Il avait pratiquement provoqué une guerre. Il avait manqué de tuer presque l'intégralité des Avengers. Le monde avait besoin d'être protégé de lui. Et il avait besoin d'être protégé du monde.
La voix de Steve, presque inaudible, lui tira un sourire faible. Il ne répondit pas. Il ne voyait pas comment dire à Steve que le souvenir de sa chute était loin d'être le pire – le pire venait après, quand il était étendu dans la neige, la douleur vive et terrible dans son épaule gauche, les pas autour de lui quand Hydra était arrivée, et les mois passés dans une cellule alors qu'ils répétaient inlassablement les mêmes mots, expérimentaient leur sérum sur lui. C'était un peu de sa faute. Quand Steve l'avait sauvé, ils n'avaient pas pensé une seule seconde au fait que Zola voudrait le récupérer. Il avait expérimenté sur lui sa propre version du sérum qui avait donné à Steve toute sa force, et Bucky avait été le seul à ne pas succomber à ces expériences. L'instant où il avait croisé le regard de Zola, avant que le bâtiment n'explose et que Steve ne saute à travers les flammes, Bucky avait vu que Zola réalisait qu'il avait réussi. De voir Bucky debout, aux côtés de Steve, complètement conscient et capable, c'était un signe de son succès. Et ils n'avaient pas pensé une seconde au fait que Zola voudrait récupérer son expérience. Ils avaient sans doute pensé pouvoir se débarrasser d'Hydra trop facilement. Ils avaient été naïfs. Ils ne comprenaient pas encore le genre de surprises qu'une guerre comme la leur leur avait réservé.

« La pauvre quand même. On lui en a fait, des blagues pourries. » Bucky eut du mal à retenir son sourire, hochant la tête. Steve et lui avaient fait passer de mauvais moments à Rebecca. C'était elle qui trouvait le moyen de leur récupérer de la glace lorsqu'ils revenaient après une mêlée un peu trop violente, elle qui subissait les expériences des deux amis, elle qui avait caché à sa mère qu'ils avaient accidentellement cassé l'une des chaises du salon en montant dessus pour faire sortir une araignée de la maison. « Elle nous a appris à danser. » lâcha Bucky d'une voix douce – pendant longtemps, il avait pensé être incapable de parler autrement que dans un russe éraillé et dans un anglais automatique, mais Steve était là, et c'était différent. Penser à Rebecca le ramenait à un moment où il pouvait se sentir en sécurité et où tout semblait bien trop simple. Il la revoyait assise sur son lit, sa robe pâle faisant ressortir les mêmes yeux bleus que Bucky, un sourire en coin sur les lèvres. Arrête de rire, Becca, c'est pas une blague, s'était plaint Bucky alors que Steve essayait de se faire plus petit qu'il ne l'était à côté de lui. Elle les avait poussés jusqu'au salon, choisissant avec soin quel morceau mettre, avant que la musique ne résonne et qu'elle ne tende la main à Bucky. Il s'en était emparé avec une hésitation qui ne lui était pas commune, ses pas maladroits alors que Rebecca le guidait en soufflant ses instructions à demi-mots. Avec un sourire comme le tien, elles ne protesteront même pas si tu leur marches sur les pieds, avait-elle murmuré avec un rire dans la voix, après qu'il l'ait faite tourner légèrement. La musique s'était terminée sur des notes douces, et Bucky avait lâché sa sœur pour s'installer dans le fauteuil de sa mère, pour regarder Rebecca tendre la main à Steve avec un sourire malicieux. « Tu m'avais manqué. » Les mots le sortirent de ses souvenirs, l'image de leur salon minuscule et chaleureux s'évanouissant pour laisser place aux verts éclatants du Wakanda. Il ignorait quoi répondre. Il avait passé ces dernières années sans un seul souvenir de Steve. Et ces deux dernières années, il l'avait juste fuit. « Toi aussi, » répondit-il quand même, et il espérait que Steve verrait qu'il était sincère. Il s'était souvent surpris à se demander ce qui se serait passé, s'il avait suivi Steve après l'avoir sorti de l'eau, s'il avait appris à retrouver ses souvenirs et à comprendre qu'il n'y avait plus de missions et que c'était juste lui avec Steve à ses côtés. La simple idée l'avait souvent laissé nauséeux, la simple pensée de Steve pouvant voir à quel point on l'avait ruiné... Mais le Steve de ses souvenirs, celui de son enfance lui avait manqué. Il avait mis du temps à le comprendre, à se rappeler ce que signifiait l'étrange douleur diffuse qui s'emparait de sa poitrine chaque fois qu'il pensait à Steve, à sa mère, à Rebecca, à son commando et à Peggy Carter. Quand il avait mis des mots sur cette sensation, il avait passé deux jours à regarder dans le vide, sur le lit d'un motel au Texas.

« Je peux pas dire que je comprends. Je peux pas me mettre à ta place, après tout ce que tu as vécu. » Bucky afficha un sourire triste. Il avait du mal à garder son regard sur Steve. A l'affronter de cette façon. Même avant Hydra, il avait toujours eu du mal à s'exprimer autrement qu'avec des gestes, des expressions, des contacts physiques. Son corps disait ce qu'il ressentait, puisque sa bouche en était incapable. Aujourd'hui, expliquer sa situation à Steve de cette façon lui semblait impossible. « Je ne te demande pas de te mettre à ma place... Je ne te le souhaite pas. » se corrigea Bucky après un instant de silence. « Mais imagine que Captain America ait un interrupteur dans la tête. Imagine que tu ne sois pas même conscient qu'il soit là. Tu ne sais même pas comment l'activer, mais tu sais qu'il peut te rendre... Inhumain. » Le dernier mot était prononcé plus bas. Inhumain. Un monstre. Une arme. Il pouvait presque entendre les voix des agents d'Hydra les prononcer. « Tu ne sais même pas qui pourrait l'activer, mais il se pourrait qu'à tout moment, n'importe qui, n'importe quand, quelqu'un prononce les bons mots et c'est terminé, tu n'existes plus. » Bucky garda le regard fixé sur Steve, malgré l'envie de se détourner. « Ose me dire que tu ne comprends pas. » Il y avait quelque chose de désespéré dans sa voix – Steve avait été le seul à le connaître par cœur, à comprendre ce qu'il voulait dire sans qu'ils n'aient à échanger un mot, et si Steve ne comprenait pas maintenant, personne ne comprendrait, et il était vraiment seul. Cette pensée lui donna l'impression d'avoir avalé de l'acide. « Je sais que tu veux m'aider. Mais vous pouvez tout aussi bien m'aider sans que je sois présent pour ça... » S'il était éveillé, si les scientifiques de T'Challa avaient besoin qu'il soit éveillé pour chercher une solution, alors ça impliquait des expériences. Bucky serait à nouveau plongé dans le même environnement, les aiguilles dans ses veines, ses pensées une masse impossible à démêler, les voix des docteurs autour de lui... « C'est trop risqué. » Le moindre petit geste pourrait le faire rechuter. « Et je ne pense pas que je pourrais supporter d'être enfermé, étudié, ou poussé à bout juste pour m'assurer qu'il n'y a plus rien là-dedans. » Il porta un doigt à sa tempe. Il voulait juste un peu de calme. Qu'il laisse le monde tranquille, et que le monde le lui rende bien.


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MessageSujet: Re: memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention)   memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention) EmptyVen 13 Mai - 20:06

La discussion prit une telle tournure que Steve décida de s'asseoir sur la chaise, qui se trouvait presque à côté de Bucky. À côté de son bras, pour être précis. Ou plutôt, à côté du bras qui n'était plus là. Qui avait disparu cette nuit-là, cette nuit où il était tombé. Steve ne remarqua qu'après quelques minutes qu'il observait le bras amputé de Bucky, et que son regard ne semblait pas pouloir s'en détacher. C'est que ce bras représentait pour lui un rappel de ce qu'il avait fait de pire dans sa vie : il avait laissé tomber son meilleur ami. Il avait été incapable de sauver celui qui l'avait sauvé tan de fois auparavant. Il s'était longtemps demandé comment les choses auraient pu se passer autrement. Par exemple, il aurait dû voir que son ami avait été touché tout de suite. S'il avait eu le bon oeil, jamais Bucky n'aurait eu à vivre tout ce qu'il a vécu. Ou si tout simplement, il était sauté avec lui : il aurait pu le rattraper. Ou du moins, mettre hors d'état de nuire l'agent d'Hydra qui l'avait récupéré. Il aurait pu demander à Bucky de ne pas descendre avec lui dans le wagon. Il aurait dû savoir que tout ça était un piège. Il aurait dû faire quelque chose.

Et voilà où ils en étaient aujourd'hui : Bucky, prêt à repasser en cryo, n'arrivant même pas à regarder Steve dans les yeux. Bien évidemment, il ne lui en voulait pas pour ça. Il n'avait pas pitié, non plus. Il n'était pas triste. Il était juste désolé. Désolé qu'ils en soient arrivés là. En partie à cause de lui, en plus. À cause de Steve. Quel genre de meilleur ami était-il ? Est-ce que Bucky le considérait même comme son meilleur ami, actuellement ? Avait-il encore des souvenirs assez vivants pour se rappeler de ce qu'ils avaient vécu ensemble ? Alors, effectivement, il dût s'asseoir, le poids de sa culpabilité étant trop lourd pour qu'il puisse rester debout. Son regard s'était maintenant détaché de l'épaule de Bucky pour se poser un peu plus haut, vers sa tête. L'expression que Bucky arborait rappelait à Steve le moment où il était venu le sauver, alors qu'il avait été emprisonné par Hydra pour la première fois, en 1943. Cette expression vide, cette expression qui cherchait désespérément à s'accrocher à quelque chose. La dernière fois, il avait fallu que Steve se présente pour que Bucky revienne. Là, c'était un mal plus profond qui envahissait son ami. Un mal que le Captain ne saurait pas aider à surmonter comme il aurait su le faire avant. Avant, tout était si simple : il leur suffisait d'une blague, d'une bière, il leur suffisait l'un de l'autre pour se remonter le moral. Steve se souvient de la première fois que Bucky avait eu un chagrin d'amour. Forcément, c'était Bucky qui faisait tomber les filles, d'habitude. Alors bon. Et Steve, à l'époque, n'était pas exactement un expert dans le domaine.. Avec son attitude bornée, le petit gringalet vivait plutôt dans l'ombre de son meilleur ami. Alors, quand il s'était agi de devoir remonter le moral à Bucky à cause d'un coeur brisé, Steve n'avait eu qu'un remède : il avait emmené son ami dans un bar, et avait tenté lui-même de draguer les filles qui s'y trouvaient. Il était tellement ridicule que Bucky se mit à rire. Steve n'en avait jamais été vexé. Il avait ça justement pour cette raison.

Clairement, les deux amis étaient perdus dans leurs souvenirs du passé. Ils avaient mentionné Becca. Steve se souvient encore aujourd'hui très clairement de la soeur de Bucky. Il préféra ne pas le mentionner, mais il savait de source sûre qu'elle était encore en vie aujourd'hui. Dans un hôpital, en Californie. Contrairement à son frère, sa vie après la guerre avait été paisible. Elle avait rencontré quelqu'un, eu des enfants, et malgré son vieil âge, se faisait remémorer à Steve tous les bons moments qu'ils avaient vécu les trois, avec Bucky. Aujourd'hui, Steve n'oserait pas lui dire que son frère est toujours en vie. Elle avait mentionné qu'il lui manquait. À l'époque, Steve ne savait pas encore que Bucky était revenu. Dans un sens, il en était soulagé : avoir à mentir à Becca sur l'état de son frère.. Steve n'aurait pas pu. « Elle nous a appris à danser.» lui rappela Bucky. Steve, assis sur sa chaise, haussa les sourcils. « Elle t'a appris à danser, oui. Moi, j'ai toujours eu deux pieds gauches. Il faut dire qu'en comparaison avec toi.. Je sais pas si tu te souviens, mais tu étais un très bon danseur. » lui assura Steve. Il se souvenait des leçons de danses imposées par Becca aux deux jeunes hommes. Pour devenir des vrais gentlemen, soit disant. Pour Steve, la danse relevait plus de la torture. À chaque fois, il se faisait petit et laissait Bucky danser à sa place quand Becca les faisait aller au salon. Pourtant, à chaque fois, il finissait par danser, car Becca le lui demandait.

Peut-être que se remémorer ces souvenirs, peut-être que Steve s'efforçant à parler comme il le fait d'habitude, et tentant de ne pas prendre en compte la vraie situation dans laquelle ils étaient avaient réussi à raviver un peu la vivacité de Bucky. Car il avait répondu « Moi aussi.» Or Steve n'en attendait pas tant. Clairement pas. Il était bien conscient du fait que pour Bucky, leurs souvenirs étaient probablement flous et lointains. Que pour lui, les choses étaient différentes, et qu'il ne ressentait peut-être plus la même proximité à Steve qu'ils avaient auparavant. Pourtant, il avait répondu que Steve lui avait aussi manqué. Le Captain prit une mine légèrement étonnée. Mais évidemment, il était content à l'idée que Bucky puisse encore lui dire ça. Il préféra ne pas répondre. Son silence valait mieux que ce qu'il aurait pu dire. Tout aurait sonné faux.

Surtout vu le reste de la conversation qui suivit. Toujours assis, Steve vit que Bucky avait maintenant détourné son regard des fenêtres pour le regarder droit dans les yeux. Ce que Steve comprit  comme une demande de la part de son meilleur ami d'écouter sérieusement ce qu'il avait à lui dire. Très sérieusement. Steve trouvait qu'il y avait quelque chose d'étrange dans cette situation. Il avait consience qu'il était en train de se disputer avec Bucky. Et ils le faisaient souvent, d'ailleurs. Seulement, ils se hurlaient généralement dessus, et usaient de métaphores osées pour parler l'un de l'autre. Ils bouillonnaient, quand ils se disputaient. Pourtant, là, ils restaient calmes. Ils n'haussaient pas le ton. Ca lui faisait étrange, de se disputer de cette manière-là. «  Je ne te demande pas de te mettre à ma place... Je ne te le souhaite pas. » Jusque là, Steve comprenait. Il hocha la tête, lentement. Ce que Bucky a vécu, il ne l'aurait souhaité à personne. « Mais imagine que Captain America ait un interrupteur dans la tête. Imagine que tu ne sois pas même conscient qu'il soit là. Tu ne sais même pas comment l'activer, mais tu sais qu'il peut te rendre... Inhumain. » Son ami fit une pause, et accentua bien son regard sur Steve. « Tu ne sais même pas qui pourrait l'activer, mais il se pourrait qu'à tout moment, n'importe qui, n'importe quand, quelqu'un prononce les bons mots et c'est terminé, tu n'existes plus. » Ca commençait à en devenir trop, pour Steve. Il se prit la main dans sa tête, et soupira un long coup. « Ose me dire que tu ne comprends pas. » Evidemment qu'il comprenait. Bucky et lui avaient un caractère très similaire. Lui non plus, n'aurait probablement pas pu supporter le fardaud qu'a fait porter Hydra à Bucky.  « Bucky.. » est tout ce qu'il réussit à dire, avant que le concerné ne reprenne la parole. « Je sais que tu veux m'aider. Mais vous pouvez tout aussi bien m'aider sans que je sois présent pour ça...  » Steve secoua la tête. Toujours sans rien dire.« C'est trop risqué. » Mais il était là pour l'aider. Ca n'avait pas besoin d'être trop risqué. « Et je ne pense pas que je pourrais supporter d'être enfermé, étudié, ou poussé à bout juste pour m'assurer qu'il n'y a plus rien là-dedans.  » Steve se promit intérieurement de protéger Bucky à tout prix de ce type d'examinations, s'il arrivait à le convaincre de rester.

Steve se leva. Il ne dit rien de ce qu'il avait pensé durant que Bucky lui parlait. Il savait que ça ne servirait à rien. Il comprenait les arguments de Bucky. Evidemment. Mais ce qui l'avait dit l'avait trop agité. « D'accord. Bien sûr, je comprends. Tu n'as plus envie de blesser personne, et tu n'as pas envie d'être blessé à nouveau. » commença-t-il. « Mais, reprenons ce que tu as imaginé. Je suis ce Captain America dont tu parles. Qui peut devenir un monstre. » Il parlait doucement. « Imaginons aussi que tu es le bon Soldat de l'hiver. Celui au service du bien, qui fait le bien parce qu'il en a envie et que personne ne contrôle. Tu aurais donc la possibilité de m'aider. » Steve fit une petite pause. Il regarda son meilleur ami toujours droit dans les yeux. Son regard demandait la compassion de son meilleur ami. Est-ce qu'il pouvait comprendre son égoïsme ? Steve l'espérait. « Est-ce que tu me laisserais faire ce que tu me demandes de te laisser faire maintenant ? Tu me laisserais partir, comme ça, sans rien faire ?  Alors que tu as la possibilité de changer les choses ? »
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MessageSujet: Re: memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention)   memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention) EmptyMar 17 Mai - 16:17



Bucky n'avait pas besoin de tourner la tête pour savoir que Steve était installé à côté de lui. Même sans le reflet dans la vitre face à lui, il l'avait senti, et pendant une fraction de seconde, il se raidit, parce que son instinct lui criait que la proximité entre eux deux était une menace. L'instant d'après, il se détendit. C'était Steve. Il ne lui ferait pas de mal, c'était même ridicule d'avoir songé une seule seconde qu'il y avait un risque. Il remercia Stark de lui avoir arraché son bras de métal, incertain du mouvement automatique qui aurait suivi une approche comme celle de Steve. Il était difficile d'effacer les années où la seule proximité qu'il avait pu avoir était mauvaise, menaçante, douloureuse. Il s'y était habitué peu à peu, dans ses mois à voyager seul. Avec ses souvenirs qui revenaient, l'obligation de se mêler aux habitants de la ville. Bucky se rappelait la façon dont son corps tout entier s'était figé quand il avait aidé sa voisine à débloquer sa serrure et qu'elle l'avait serré dans ses bras en remerciement. Le contact était difficile, hors des combats. Il n'avait pas été habitué à autre chose depuis très longtemps, après tout.
Maintenant que Steve était juste à côté de lui, son reflet était plus net, et Bucky les observa tous les deux dans la vitre. De les voir comme ça, après ce qui semblait des centaines d'années passées ensemble – et ce qui semblait encore plus longtemps à avoir été séparés, provoqua une sensation étrange chez Bucky. Il se demandait comment Steve ne pouvait pas le voir, combien ils avaient changés. C'était flagrant, et Bucky ne pouvait voir que ça. Ce n'était pas juste dans la façon dont Steve avait changé après le sérum, ni dans l'évidence que Bucky n'avait plus rien de celui qu'il était avant – sourire au coin des lèvres, les cheveux courts et sans bras manquant. C'était partout, comme inscrit en lettres rouges sur leurs visages. C'était dans la façon dont Steve se tenait plus droit, plus assuré, dans son regard qui témoignait de tout ce qu'il avait vu depuis la dernière fois qu'ils étaient ensemble, dans son expression, moins naïve, moins détendue, plus vieille. C'était dans la façon dont Bucky contractait la mâchoire, dans son regard autrefois pétillant et aujourd'hui toujours en alerte, toujours en mouvement, toujours à chercher à identifier menaces et portes de sorties. C'était dans les cicatrices qui dépassaient de son t-shirt blanc, pâles et pratiquement invisibles. C'était partout. C'était douloureux. Le même genre de douleur qu'il associait maintenant au manque, au deuil, aux choses qu'il ne retrouverait jamais. Et pourtant, Steve était là. Et lui aussi l'était. Il avait quand même mal. Il n'était pas sûr de comprendre.

« Elle t'a appris à danser, oui. Moi, j'ai toujours eu deux pieds gauches. Il faut dire qu'en comparaison avec toi.. Je sais pas si tu te souviens, mais tu étais un très bon danseur. » Bucky afficha un petit sourire, son regard se détachant de leur reflet pour se plonger dans le vide. Il revoyait quelques images, se rappelait avoir ensuite entraîné Steve plus d'une fois à ses rendez-vous, se démenant pour en trouver à Steve et le poussant à danser avec elles. « Je me souviens que j'aimais ça. » admit-il d'une voix qui lui sembla un peu lointaine. « Je crois que j'aimais surtout la musique, » ajouta-t-il après un instant de silence, occupé à fouiller ses souvenirs. Il se rappelait habiter leur appartement et ne jamais y passer un seul instant sans musique, juste assez fort pour que les notes lui parviennent lorsqu'il était un peu trop seul et que Brooklyn était trop silencieux. Il revoyait Steve lever les yeux au ciel chaque fois qu'il remettait ses chansons préférées parce qu'il ne se lassait pas de les entendre. Et plus récemment, il avait apprécié écouter de la musique dans le petit lecteur qu'il avait acheté quelques mois plus tôt, après avoir interrogé un adolescent qui portait ses écouteurs dans le métro. Le futur était étrange, mais le futur permettait d'écouter de la musique dans de minuscules boîtes, donc il approuvait largement le futur. Dommage que la musique du futur soit devenue si étrange et électronique, par contre. La danse avait aussi beaucoup changé – mais ce n'était pas comme si Bucky perdait son temps à aller danser, aujourd'hui. C'était quelque chose que faisait le Bucky d'avant. Pas le Bucky de maintenant.
Ce qui amena Bucky à changer de sujet, parce qu'il fallait bien qu'ils en parlent, malgré le fait que ce soit douloureux. Steve essaya de l'interrompre à un moment, mais Bucky poursuivit comme s'il n'y avait aucune interruption. S'il se taisait maintenant, il n'aurait probablement pas le courage de finir de parler. C'était facile d'être courageux en combat. C'était un peu moins facile en présence de Steve. Il se tendit à nouveau quand Steve se leva, mais ne souffla pas un mot. Il s'efforça de ne pas se décaler non plus, conscient que Steve risquait de penser qu'il le pensait être une menace. Il fit taire les alarmes dans son esprit. « D'accord. Bien sûr, je comprends. Tu n'as plus envie de blesser personne, et tu n'as pas envie d'être blessé à nouveau. » Bucky ne prit même pas la peine d'hocher la tête. Ce fait-là était évident. En revanche, il ne retint pas l'espèce de rire qui s'échappa d'entre ses lèvres, à l'entente des mots « bon » et « soldat de l'hiver » dans la même phrase. Ironie. Il rendit son regard à Steve, alors qu'il poursuivait. Bucky prit le temps d'y penser. Il comprenait Steve. Après tout, il avait passé presque deux ans à essayer de le trouver. C'était dans ses souvenirs, Steve Rogers était borné. Têtu comme une mule. C'était logique qu'il n'abandonne pas comme ça. Bucky avait un million de raisons et d'exemples pour lui prouver qu'il avait tort. Il prit le temps de choisir ses mots avec soin, passant en revue ses options. Je ne pars pas vraiment. Tu fais ça pour un fantôme qui porte le visage de ton meilleur ami, et a quelques uns de ses souvenirs. La seule option valable face à la cryo serait de m'enfermer en permanence.  Il opta pour la simplicité. « Et qu'est-ce que tu ferais, pour m'aider ? Tu me surveillerais vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? Tu comptes trouver et détruire chaque copie de ce stupide bouquin ? » Une pause. « Ou peut-être demander à Maximoff de me fouiller dans le cerveau, c'est ce qu'elle peut faire, non ? Tu crois que je n'y ai pas pensé ? » Rien que l'idée lui fit l'effet d'une douche glaciale. Il essaya de ne rien en montrer. « Tu as des choses plus importantes à régler. Le problème des Accords. Tony Stark. Le reste de ton équipe. Je ne suis pas ta responsabilité, pas la principale en tous cas, plus maintenant. » La douleur était de retour, un peu plus vive et pulsant dans sa poitrine. Bucky était incapable de soutenir le regard de Steve. Par automatisme, il se retourna vers les vitres.

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MessageSujet: Re: memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention)   memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention) EmptySam 21 Mai - 22:46

Plus il parlait avec Bucky, plus Steve avait l'impression que le sérum perdait de son effet. Que tout d'un coup, il redevenait le petit gars asthmatique de Brooklyn en 1940. Tout d'abord parce que les deux amis discutaient de cette époque, justement. Et que le sentiment de dégoût qu'il avait vis-à-vis de la danse était resté aujourd'hui. Alors, en reparler, se remémorer, faisait revivre dans sa tête les émotions qui l'avaient traversé dans ces temps-là. Il se souvenait de l'admiration qu'il avait pour Bucky, en le regardant danser. Il se souvenait qu'il était impressionné, et que lui aussi aurait voulu avoir la même aisance, la même confiance en son corps que son ami. Lui, à l'époque, n'était pas exactement ce qu'on pouvait appeler un exemple de confiance en soi.  Longtemps, on lui avait rappelé sa petite taille, ses cheveux qui ne voulaient décidément pas se coiffer, et tout ce qui n'allait supposément pas chez lui. Longtemps, il avait cru à ces mensonges que lui répétaient en boucle ses camarades de classe - Bucky étant l'exception confirmant la règle. Mais même si c'était lui, que valait un avis face à tant d'autres ? Steve, au fil du temps, s'était forgé une carapace. Bien conscient qu'il ne représentait pas l'idéal masculin de l'époque, il avait décidé peu à peu de se détacher totalement de cet idéal. Et d'assumer qui il était. De se ficher des autres comme les autres se fichaient de lui. Mais c'était exactement pour cette raison qu'il détestait les leçons de Becca. Elles lui rappelaient que lui, comparé à Bucky, craignait absolument. Qu'il pouvait penser tout ce qu'il voulait, jamais aucune fille ne voudrait danser avec lui, même s'il savait le faire. Evidemment, Steve n'en disait jamais rien. Ca n'aurait rien changé, de toutes façons. Ca aurait juste fait culpabiliser son ami, qui n'avait littéralement rien à se reprocher. Et puis, cette impression passait, de manière générale. Becca et Bucky étaient tous les deux géniaux. Ils arrivaient rapidement à faire oublier à Steve ces a-prioris qu'il avait sur lui-même, à l'époque. Comme quoi, contrairement à son meilleur amie et à la soeur de celui-ci, ils n'étaient là vraiment que pour lui pourrir l C'était drôle de voir Bucky aujourd'hui, se rappeler à peine de qui il était avant. Steve, lui, n'oublierait jamais qui Bucky avait été.

« Je me souviens que j'aimais ça.» Il ne l'avait jamais dit clairement à Steve. Mais clairement, ça se voyait, c'était vrai. Au sourire qu'il avait en dansant, clairement, Bucky avait un jour aimé danser. « Je crois que j'aimais surtout la musique.» Presque comme un réflexe, Steve roula des yeux.  « Ah ça oui, tu aimais la musique. Je suis clairement témoin. » assura Steve. Quand ils habitaient ensemble, il n'y en avait que pour la musique de Bucky. Jamais le blond n'avait eu un moment de répit, à ce niveau-là. Souvent, ça ne le dérangeait pas. Lui aussi aimait beaucoup la musique. Et Bucky n'avait pas mauvais goût. Seulement ça ne s'arrêtait jamais. Quand Steve voulait dormir, et que son meilleur ami était sorti le soir et qu'il revenait tard, aucun répis. Bucky mettait sa musique. Steve se souvient des nombreux râles qu'il avait poussé depuis sa chambre, alors que son colocataire rentrait et qu'il mettait sa musique. Bucky, je dors. Bucky, tu abuses complètement. Bucky, un jour, je me vengerai, je t'assure. Des fois, simplement gngnnn grrrrr suffisait, quand Steve était vraiment fatigué.Et ça finissait toujours en insultes - toujours polies, évidemment - lancées de chambre à chambre à trois heures du matin. Steve réalisa soudainement qu'il avait dû paraître irrité, en roulant des yeux, et que ça avait dû perturber son ami, s'il ne se souvenait pas de ces disputes. Il préféra donc s'expliquer. « Quand on habitait ensemble, tu mettais de la musique presque tout le temps dans notre appartement. Jour et nuit, littéralement. » rappela-t-il.

Ces souvenirs le faisaient redevenir le Steve d'avant la guerre, certes. Mais il n'y avait pas que ça. C'est que comme avant, il était obstiné à vouloir faire quelque chose contre laquelle Bucky était fortement opposée. Une cause perdue. Quelque chose que Bucky voulait le faire éviter. Steve était encore aujourd'hui une tête de mule. C'était l'un de ses traits de caractère les plus évidents. Mais quand c'était avec Bucky, c'était autre chose. Car c'est comme s'il s'opposait à une partie de lui-même, dans un sens. Il devait donc redoubler d'efforts, pour protester, pour être " contre " lui-même. « Et qu'est-ce que tu ferais, pour m'aider ? Tu me surveillerais vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? Tu comptes trouver et détruire chaque copie de ce stupide bouquin ? » Steve écarquilla les yeux. « Ou peut-être demander à Maximoff de me fouiller dans le cerveau, c'est ce qu'elle peut faire, non ? Tu crois que je n'y ai pas pensé ? » « Même si elle le voulait, je la laisserais pas faire. » Steve regarda son ami avec un air incrédule. Est-ce que Bucky pensait vraiment qu'il oserait lui faire une chose pareille ? C'en était presque offensant. Jamais Steve ne lui ferait subir ça. C'était comme une évidence, pourtant. Il en était sûr. Il pouvait considérer les deux premières horribles probabilités de Bucky. Traquer les copies du bouquin qui permettait de contrôler son ami ? Pourquoi pas. Au final, ce n'était pas si terrible. Il ne devait pas y en avoir tant. C'était une possibilité à prendre en compte. Avec l'aide de Natasha, il les retrouverait sûrement rapidement. Evidemment, Steve ne prit pas la parole. Il savait que Bucky allait trouver d'autres arguments pour expliquer en quoi c'était une mauvaise idée. « Tu as des choses plus importantes à régler. Le problème des Accords. Tony Stark. Le reste de ton équipe. Je ne suis pas ta responsabilité, pas la principale en tous cas, plus maintenant. » Steve secoua la tête. Il était irrité par ce que Bucky lui disait. « Il n'y a rien à régler de ce côté là, tu sais, que ce soit avec Tony ou les Accords. Je ne suis pas d'accord. C'est tout. Si tu pense que ces foutus accords sont plus importants pour moi que.. » Il laissa une pause. Sa voix tremblait légèrement. Il soupira, le temps de se reprendre. « Ecoute, je sais que c'est très égoïste, ce que je dis... Et je suis désolé.. C'est moi qui t'ai mis dans cette situation.. » C'était vrai depuis le début. C'était à cause de Steve que Bucky était monté dans ce train. « Mais t'es pas ma responsabilité, Bucky. Tu es mon ami. Même si tu as tout changé, tu es mon ami. Te revoir après toutes ces années.. » Il dut se calmer quelques instants avant de reprendre. « Je pensais qu'on s'était retrouvés pour de bon, maintenant.. Mais devoir te perdre à nouveau.. » Il ne finit pas sa phrase. Plus il parlait, plus il avait envie de se taire. Clairement, c'était égoïste. Indigne de lui-même. Mais il n'y pouvait rien. C'était plus fort que lui.
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MessageSujet: Re: memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention)   memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention) EmptyJeu 26 Mai - 22:29



Quand Bucky avait quitté les Etats-Unis, longtemps avant de s'installer à Bucarest, longtemps avant qu'il ne retrouve ses souvenirs par morceaux et dans un ordre aléatoire, il voyait la mémoire comme une feuille de papier où les souvenirs s'inscrivaient à l'encre noire et étaient à plat, tous à la même dimension, tous avec la même netteté. Longtemps avant qu'il ne commence à remplir son premier carnet, il n'avait que les souvenirs d'après son dernier effacement, récents et nets et vibrants. Les heures passées à se préparer à sa mission, les paroles d'Alexander Pierce, la façon dont il avait arraché l'aile de Falcon avant de le projeter dans le vide, les mots vides de sens mais familiers et déstabilisants de Captain America, puis ceux de Steve Rogers, la chaleur des explosions dans l'héliport, puis la chute de Steve et le froid glacial du Potomac à l'instant où il plongeait à la suite de sa mission, non pas pour la compléter mais pour sortir Steve de l'eau et le laisser là, puis le Smithsonian, son propre visage et le texte sur une vie qu'il ne se rappelait pas avoir menée, son propre visage et le rire qui l'animait après un regard échangé avec Steve Rogers, avec la mission. Il n'y avait que ça. Ca, et le fait qu'il n'ait aucune explication au fait qu'il soit capable de parler des dizaines de langues, de les lire et de les écrire, le fait qu'il sache où trouver l'une des planques d'Hydra pour y trouver armes et argent, le fait qu'il sache d'instinct qu'il ne toucherait jamais à un hot dog de sa vie mais appréciait l'acidité des desserts au citron, le fait qu'il sache éviter naturellement les caméras de sécurité et le fait qu'il scanne une pièce à la recherche d'issues et de points d'observation quand il y entrait. Quand un enfant avait pointé le doigt dans sa direction en donnant un coup à sa mère pour qu'elle regarde le robot, il n'avait pas trouvé de raison pour le nier, parce qu'il était en partie de métal, qu'il était programmé, et qu'il n'était pas grand chose sans mission à compléter.
Quand Bucky avait entamé son quatrième carnet, la main endolorie d'avoir à inscrire, relier, compléter des souvenirs qui se déversaient parfois à flots dans sa mémoire, lui faisant parfois perdre conscience de ce qui l'entourait et du temps qui passait pendant des jours, il avait réalisé que la mémoire n'avait rien d'une feuille blanche, mais était plutôt un pliage, comme les oiseaux de papier que Steve fabriquait parfois les après-midi d'été quand Bucky s'efforçait de cuisiner. Ses souvenirs étaient entremêlés, pliés les uns dans les autres, et chaque fois qu'il lui manquait une étape, qu'il ignorait à quel moment il devait plier une partie du papier d'une façon particulière, l'oiseau ne parvenait pas à prendre forme. Sa base était la plus fragile, les premières étapes étant supposées être les plus simples mais étant les plus anciennes, le papier fragilisé d'avoir été plié et replié et déplié afin de recommencer. Certains plis étaient maladroits, peu marqués, comme si personne n'avait pu appliquer la force nécessaire pour le rendre plus net. Certains plis étaient nets, coupants et le papier comme neuf, dépourvu de pliures et de marques. Le tout était un pliage fragile et ayant à peine la forme de l'oiseau, l'une des ailes droites et acérée comme la pointe d'une flèche l'autre abîmée et bancale. Le genre de pliage qui donne envie de l'écraser du plat de la main pour recommencer, de la même manière qu'il semblait à Bucky qu'il suffirait de le pousser un peu pour qu'il ait à tout reprendre à zéro, comme il l'avait fait dans les deux dernières années.
Les plis nets et coupants étaient le Soldat de l'Hiver, les souvenirs du froid qui s'insinuait jusque dans ses os des jours après qu'on le sorte de la cryo, les souvenirs de la neige sous ses pieds et du sang qui la liquidifiait et la teintait de rose quand il appuyait sur la détente de son arme, les souvenirs de la fille aux cheveux roux qui copiait ses mouvements à la perfection dans une institution dont le nom lui échappait, les souvenirs des armes, lourdes entre ses bras après des heures à guetter sa cible, les souvenirs de tirs parfaits et de calculation qui ne laissait aucune place à l'erreur – et les souvenirs de la douleur après, s'il échouait à sa mission ou rentrait à la base trop tard, ou exprimait autre chose que de la soumission. Les souvenirs étaient clairs comme s'il était en train de les vivre, en permanence. Le roux éclatant des cheveux de la fille, le blanc de la neige, la chaleur des flammes dans une carcasse de voiture, l'intonation satisfaite de Pierce, le froid du tank de cryo, la chaleur pulsante des coups des agents d'Hydra, le russe rauque de ses anciens propriétaires, le froid – toujours le froid, le son assourdissant des mouvements de son bras de métal dans le silence des missions, le craquement des os entre ses doigts de métal, le rouge des cheveux de la fille, le rouge du sang, et le froid.
Les plis maladroits et peu marqués étaient la vie de James Buchanan Barnes, avant Zola, avant Hydra, avant le sérum. Flous, parfois dépourvus de couleurs, avec la même consistence qu'un rêve. Il ne savait plus à quoi ressemblaient les traits du visage de sa mère, parvenait à peine à se rappeler du son de sa voix, se rappelait vaguement de cheveux sombres comme les siens, comme ceux de Becca dont il ne connaissait plus la couleur des yeux. Il ne savait plus comment était faite la chambre de son enfance, revoyait seulement le coffret de bois où Rebecca rangeait ses bijoux ou sa monnaie ou son maquillage, il ne savait plus, et se rappelait surtout de la sensation de chaleur dans sa poitrine, si peu familière après tant d'années dans le froid. Il ne se rappelait plus du son du rire de Steve, avant qu'ils ne partent faire la guerre, ne savait plus à quoi ressemblait le manteau qu'il avait acheté à Steve contre son gré l'hiver de leur dix-sept ans, il revoyait sa mère cuisiner mais n'avait aucun souvenir de ce qu'elle préparait, et tout était terne et flou et distant comme s'il était à des centaines de kilomètres ou regardait le tout au travers d'un cube de verre.
Il avait fallu à Bucky toute la force du monde pour ne pas parler de ses souvenirs en terminant ses phrases comme des questions. J'aimais la musique? Il le pensait. Il l'aimait aujourd'hui. J'aime la musique. Présent. Le présent était plus simple, ses souvenirs plus clairs, mais Steve n'était plus son présent depuis très longtemps. Et c'était difficile.

« Ah ça oui, tu aimais la musique. Je suis clairement témoin. »  Bucky sentit un certain soulagement s'installer dans sa poitrine. Jusque là, il n'y avait eu personne pour confirmer que ses souvenirs étaient valides. Personne n'aurait pu lui dire, ça s'est passé comme ça, exactement, parce que personne n'était en vie pour en parler aujourd'hui ou étaient trop vieux pour s'en rappeler. Mais maintenant que Steve confirmait, il était plus sûr. J'aime la musique, et j'aimais la musique. C'était changeant, d'avoir quelque chose de certain, même d'aussi petit. « J'en mettais quand j'ai décidé de repeindre l'appartement. » Il se rappelait, parce qu'il repeignait le salon minuscule et qu'il avait profité de l'absence de Steve pour qu'il ne se force pas à rester avec lui et se sente mal à cause des effluves de peinture, et il n'avait aucune idée de la couleur de la peinture ou des murs avant qu'il ne peigne, mais il pouvait se rappeler siffler les notes de musique à mi-voix en fronçant le nez à l'odeur de la peinture. Il savait qu'il avait banni Steve du salon pendant des jours, le temps que la peinture sèche. Juste pour être sûr. Il savait très bien qu'il avait passé le premier quart de sa vie – littéralement – à empêcher Steve Rogers de se tuer, de se faire tuer, ou de se laisser mourir comme un idiot. La raison pour laquelle cette pensée le faisait sourire avec émotions lui échappait, en revanche. (Pas vraiment.)

Steve avait changé et Steve n'avait pas changé. Steve avait changé parce que son regard n'avait plus le même éclat qu'avant la guerre, parce que le sérum l'avait entièrement remodelé, parce qu'il avait le poids du monde entier sur les épaules, parce que Peggy Carter n'avait jamais obtenu sa danse, parce que James Buchanan Barnes était mort en tombant d'un train dans les Alpes, parce que leur ancien commando était vieux ou enterré, parce qu'il avait coulé un avion dans l'intention de mourir mais n'y était pas parvenu, parce qu'il avait affronté des aliens et rencontré des dieux et découvert un siècle nouveau. Steve n'avait pas changé parce qu'il essayait de jouer les héros et de sauver tout le monde, se lançait dans des missions suicides et n'acceptait que lui-même comme dommage collatéral, parce qu'il était têtu et borné et ne pouvait pas se sortir une idée de la tête – spécialement les mauvaises, parce qu'il donnait sa confiance entièrement et pleinement, et parce qu'il était encore incroyablement, entièrement, stupidement naïf.
Sa naïveté n'était pas nouvelle. Steve 'Je Veux Sauver le Monde' Rogers, Steve 'J'ai Un Bouclier Rien Ne Peut M'Arriver' Rogers, Steve 'Si Quelque Chose M'Arrive Peu Importe' Rogers. Il rendait James Buchanan Barnes complètement furieux. Il rendait Bucky furieux, maintenant. « Même si elle le voulait, je la laisserais pas faire. » Bucky avait été le Soldat de l'Hiver pendant près de soixante dix ans, avait tué sans cligner des yeux, avait accepté des coups sans broncher, ignoré des milliers de supplications et tout autant d'insultes et de propos dégradants, sans même ressentir une once de colère. Bucky était un assassin, un espion, et savait faire preuve de self control. Bucky leva les yeux au ciel avec un semblant de soupir exaspéré. Le Soldat de l'Hiver n'avait, après tout, jamais fait face à Steve Rogers et son expression de labrador maltraité – si l'on exceptait la fois sur le pont. Steve Rogers avait le don d'exaspérer n'importe qui avec sa confiance, sa naïveté, et son envie de sauver le monde. Spécialement lorsque n'importe qui s'appelait Bucky Barnes. Il inspira doucement, parce qu'il refusait de s'énerver sur Steve à quelques heures de la cryo. « C'est justement le problème, Steve. » Plus doucement, il reprit après une brève pause. « La solution la plus logique serait de la laisser faire. Si quelqu'un peut détecter et défaire ce qui m'a été fait, c'est elle. » Mais Bucky ne pourrait pas. Quelque part, il savait que laisser encore une fois son esprit aux mains de quelqu'un d'autre, même une alliée, serait quelque chose qu'il ne surmonterait pas. Pas après deux ans à être quelqu'un d'autre, pas vraiment le Soldat, pas vraiment James Barnes, juste quelqu'un d'autre. Il ne le dit pas.
« Il n'y a rien à régler de ce côté là, tu sais, que ce soit avec Tony ou les Accords. Je ne suis pas d'accord. C'est tout. Si tu pense que ces foutus accords sont plus importants pour moi que.. »  Bucky ouvrit la bouche pour parler, mais la referma aussitôt. Il était incapable de trouver quelque chose à dire. Egoïste ? Steve Rogers avait passé sa vie à faire passer le reste du monde avant lui. Il avait donné sa vie pour détruire Hydra, et avait laissé l'héliport exploser en étant toujours dessus juste pour sortir Bucky des débris qui l'empêchaient de fuir. Steve Rogers était en photo dans le dictionnaire à côté du mot qui désignait l'inverse d'égoïsme. « Hydra m'a mis dans cette situation. Depuis le départ. Personne d'autre. » finit par dire Bucky, la voix lointaine. Il se força à se reconcentrer sur Steve, scrutant son visage de son regard. Bon sang, pourquoi est-ce qu'il rendait les choses si difficiles ? Pourquoi Steve ne pouvait-il pas voir qu'il n'y avait aucune autre solution, et que Bucky ne pouvait pas endurer encore des mois à se cacher et à attendre l'instant où quelqu'un le redémarrerait comme une machine ? Pourquoi Steve choisissait-il maintenant pour montrer qu'il pouvait être égoïste, lui aussi ? La voix nouée et le regard soutenant à peine celui de Steve, Bucky parla de façon à peine audible. « Je serais juste là, tu ne me perdras pas. » Après un instant, il ajouta, sa voix écorchant un peu les mots. « En prenant cette décision, je sais que je te perds aussi, et je sais que c'est différent parce que je serais.. endormi, mais c'est difficile. C'est... J'aurais aimé qu'on puisse s'asseoir et parler comme avant, mais rien n'est plus comme avant, et je suis une bombe prête à exploser, et j'ai besoin de faire ça. »


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MessageSujet: Re: memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention)   memories will hit you like bricks. (stucky) (ceci est un warning civil war spoilers attention attention) EmptyMar 31 Mai - 19:31


Peut-être que Steve ne réalisait pas à quel point il avait de la chance. En fait, il se demandait s'il pouvait considérer que cette situation comme de la chance. Dans les faits, il était censé avoir 99 ans. Il était censé être une personne âgée, mais il avait encore le physique d'un homme dans la trentaine. Avait-il été chanceux, qu'on l'ait choisi pour tester le sérum ? Qu'il ait eu l'occasion de vivre beaucoup plus longtemps que n'importe quel humain pourrait le souhaiter ? Il avait pensé Bucky mort pendant longtemps. Très longtemps. N'était-ce pas de la chance que de le revoir encore en vie, alors qu'ils étaient tous les deux censés ne pas être de cette époque ? Oui. En prenant du recul, Steve pouvait partir de l'hypothèse qu'il était chanceux, et il ne pouvait pas le nier. Alors pourquoi poussait-il sa chance ? C'était défier beaucoup de choses, que de vouloir faire en sorte que Bucky reste avec lui. Qu'est-ce qui le prenait ? Une partie de lui était persuader de pouvoir sauver son meilleur ami. Il savait que ça prendrait du temps, mais qu'au final, Tony et le reste des Avengers finiraient par comprendre, par l'accepter. Ils verraient en Bucky ce que Steve voyait en lui. Ils n'avaient vu que la partie manipulée de James. Ils n'avaient pas vu qui il était vraiment. Ca faisait toute la différence.

Le Steve des années 40 aurait quand même insisté pour dire que Bucky était un idiot complet. Un frimeur, un naze. Jamais il n'aurait pensé à lui faire des compliments, même si indéniablement, il l'adorait, et qu'il estimait Bucky comme l'une des meilleures personnes au monde. À l'époque, ils se lançaient vannes sur vannes. Les compliments étaient source de vannes aussi : " Oh mais c'est qu'il serait presque gentil, le petit Steve ! " Il était souvent rudes entre eux, et ça leur plaisait bien. Ils étaient là l'un pour l'autre, c'était suffisant. Mais aujourd'hui, avec tout ce qui s'était passé, le Captain ne pourrait plus utiliser la même approche. Il ne le voulait pas. Ils avaient été séparés tant de temps que Steve ne pourrait plus voir Bucky autrement que d'une manière positive, et qu'il ne se permettrait pas d'agir de manière aussi superficielle, aussi peu sensible, avec lui. Il méritait plus que ça. Il méritait que Steve lui montre à quel point ils comptaient pour lui. Rire l'un de l'autre comme ils le faisaient à l'époque ne fonctionnait plus.  Les sentiments étaient plus vrais. C'était l'essentiel qui importait maintenant. Et l'essentiel, c'était que Bucky était comme un frère pour Steve.

C'est pourquoi le voir peiner à se remémorer leurs souvenirs communs ne dérangeait absolument pas Steve. Il savait qu'il fallait lui laisser son temps. Avec Peggy, ça avait été encore pire, quand il était allé lui rendre visite : à chaque fois, c'était comme si elle le revoyait pour la première fois depuis le crash. À chaque fois, c'était comme des retrouvailles. Mais uniquement du côté de Peggy. Steve était désolé, dans un sens, de l'avoir vue dans cet état : à l'époque, elle n'en aurait certainement pas été fière. Elle l'aurait même sûrement frappé pour avoir osé la regarder alors qu'elle était ainsi, perdant peu à peu sa mémoire et son corps. Mais Peggy avait vieilli. Sa mémoire aussi. Steve s'était montré patient avec elle. Elle n’y pouvait rien, de toutes façons. Et il se dit qu’avec moins de chance, il aurait pu être dans un état pire que le sien. Et puis, même ainsi, Peggy restait Peggy. Avec ses yeux, son sourire.. Il devait l’avouer, il était aussi flatté par la joie qu’elle exprimait à chaque fois qu’il la voyait. Ca prouvait que ce qu’ils avaient eu à l’époque étaient quelque chose de réel, de concret. Qu’est-ce qu’il avait été amoureux d’elle. Maintenant, c’était avec Bucky que Steve devait se montrer patient. Plus ils discutaient, plus les souvenirs revenaient. Ce qui rassura Steve dans un sens : sa mémoire n'était pas complètement détruite, comme l'était celle de Peggy.« J'en mettais quand j'ai décidé de repeindre l'appartement. » Steve hocha la tête.  « Je maintiens : tu en mettais vraiment tout le temps. Mais oui, je me souviens, quand t’avais repeint l’appartement, et que tu m’empêchais de rentrer, tu en mettais aussi. C’était la seule chose que j’entendais. » fit Steve, un petit sourire aux lèvres. Sur le moment, il avait été énervé de ne pas pouvoir entrer dans son propre salon, mais après coup, ça faisait des souvenirs drôles.

« C'est justement le problème, Steve. » Cette phrase le ramena à la réalité.« La solution la plus logique serait de la laisser faire. Si quelqu'un peut détecter et défaire ce qui m'a été fait, c'est elle.  » La situation le tiraillait complètement.  « Peut-être, mais à quel prix pour toi ? » Si on voyait ça d’une manière rationnelle, Bucky avait raison. Wanda aussi pourrait être une solution considérable. Mais non. C’était trop dangereux pour lui. Steve ne savait absolument pas quoi penser. D'un côté, il voulait que Bucky fasse ce qu'il a envie de faire. Après tant d'années à s'être fait manipuler, c'était la moindre les choses que de le laisser prendre les décisions de son propre chef. De l'autre, il n'avait pas envie de voir son ami disparaître à nouveau. Par peur, en plus ? Il avait vu Bucky sans peur. Rien que monter dans ce train avec Steve avait été courageux. Etait-ce pour ça qu'il n'osait plus être courageux désormais ? Vu ce qu'il s'était passé la dernière fois, c'était presque compréhensible. Mais rien n'aurait dû se passer comme ça. Steve aurait dû le rattraper à temps. Steve aurait dû lui dire que c'était trop risqué. « Hydra m'a mis dans cette situation. Depuis le départ. Personne d'autre. »  « J'aurais pu te rattraper. J'aurais te rattraper. Et ils ne t'auraient pas fait subir tout ça. » dit Steve du tac au tac, d'une voix ressemblant presque à celle de quelqu'un récitant une poésie. C'est qu'il s'était souvent répété cette phrase. Il se l'était répété durant des années alors qu'il était en cryo. C'était le seul bout de conscience qu'il avait. La seule certitude qu'il avait, durant toutes ces années congelé : qu'il aurait dû mieux faire. Steve réalisait qu'il était chanceux. Mais tout vient avec un prix. Sa chance lui avait coûté Peggy. Lui avait coûté Bucky. Lui avait coûté une vie normale, en fait. À lui et à son meilleur ami. Il avait été chanceux, mais jamais il n'aurait une vie normale. Quel paradoxe. Il avait été tellement chanceux qu'il allait perdre son meilleur ami pour la deuxième fois. Tout comme il avait perdu Peggy deux fois.  « Je serais juste là, tu ne me perdras pas.» Mais dans quel état ? pensa Steve. Il repensait à l'état dans Peggy était, quand il était revenu la voir. Il n'avait pas envie de revivre ce genre de retrouvailles avec Bucky. « En prenant cette décision, je sais que je te perds aussi, et je sais que c'est différent parce que je serais.. endormi, mais c'est difficile. C'est... J'aurais aimé qu'on puisse s'asseoir et parler comme avant, mais rien n'est plus comme avant, et je suis une bombe prête à exploser, et j'ai besoin de faire ça. » Une bombe. Il se comparait à une bombe. Mais quelle estime de lui pouvait-il avoir pour se réduire à un objet comme ça ? « Mais tu n'en as pas eu assez, d'être dans cet état ? Tu mérites tellement mieux, Bucky. Mieux que passer la plupart de ta vie en cryo. » Steve parlait en connaissance de cause : la cryo était un état tellement.. Tellement plat. Tellement froid. Il se souvenait bien de ce qu'il avait vécu, mais il ne voudrait pas le vivre à nouveau. Et il ne le souhaitait absolument pas à Bucky. « Rien n'est plus comme avant, justement. Tu n'es plus une bombe. »

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